
Daniel Humair : Percussions
Tony Malaby : Saxophones Tenor et Soprano
Bruno Chevillon : Contrebasse
L’affranchissement de toute facilité est l’une des qualités requises par la création.
Refuser la technique comme refuge, le confort du remplissage et la sécurisante insouciance du marcheur qui emprunte un chemin déjà parcouru, voilà qui est l’apanage de ceux qui donnent un nouveau visage au Jazz.
De refuges ou chemins déjà foulés il n’est pas question ici.
Tout comme les concerts que le trio a donné avant l’enregistrement de cet album, la session s’est déroulée sans répertoire. Libres, sans garde-fous ni contraintes, les trois improvisateurs laissent leurs idées vagabonder, la musique trouver son propre chemin.
La composition instantanée peut s’accommoder de tout sauf de
Ce que j’entends dans ces « Pas de dense », ce sont trois musiciens qui jouent du trio. Leurs instruments et leurs discours n’étant finalement que des moyens. La vraie finalité, c’est l’œuvre à laquelle ils contribuent par deux biais : celui de l’instrument et celui de l’influence sur le groupe.
Daniel Humair, Bruno Chevillon et Tony Malaby réussissent à intégrer dans cette démarche de création spontanée beaucoup de rythme et de mélodie.
La musique est parfois mélodique et fluide, comme dans la troisième séquence, que l’on pourrait croire écrite, parfois très abstraite, comme la quatrième séquence, sur laquelle Daniel Humair réinvente le jeu aux balais, en frottant directement le timbre sur sa caisse claire retournée, créant ainsi des sonorités jusqu’à présent inouïes…
Le reste de l’album est à l’avenant, le batteur déploie son jeu si complet, mélange d’un drive incomparable et d’asymétries, avec toujours ces cymbales reconnaissables entre mille. Sa volonté de prendre du recul par rapport à l’existant, à utiliser l’essence de ce qui a déjà été joué pour redéfinir la batterie de Jazz est proprement hallucinante. La pulsation est là, cela swingue toujours, mais c’est nouveau. Ses frappes sèches, baguettes frétillantes, ses balais espiègles, son sens du placement et surtout du déplacement éblouissent.
Bruno Chevillon illumine les séquences par la beauté et la justesse de ses lignes, par sa faculté à donner à sa Contrebasse des caractères inattendus (les traits de lumière à l’archet dans la 7eme séquence, l’épaisseur urbaine de son jeu dans la 6eme, l’émotion bouleversante dans la 8eme…). On le sait enclin à mélanger son Jazz à la musique contemporaine, à travailler la matière (comme sur son magnifique album « Hors Champs »), à développer des climats, des atmosphères, des couleurs… On retrouve dans « Pas De Dense » toutes ces spécificités, exacerbées par l’énergie donnée par les deux autres.
Le souffle rauque de Tony Malaby donne du relief à ses fragments de phrases, ses lambeaux de mélodies suspendus, ses cris murmurés dont l’esthétique âpre ne voile jamais
Je tiens également à évoquer le travail comme toujours remarquable de Gérard De Haro et
Pour ne rien gâcher, la pochette est belle et sobre, et une peinture
Magistral.
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