Christophe Panzani : saxophone ténor
Edouard Ferlet, Leonardo Montana, Laia Genc, Dan Tepfer, Guillaume
Poncelet, Tony Paeleman, Yonathan Avishai : piano
Voilà un disque que l’on attendait pas, et qui arrive non
pas comme un chien sur un jeu de quille, mais plutôt comme une brise fraîche et
légère un jour de canicule. Christophe Panzani est un saxophoniste tout à fait
passionnant que l’on a plaisir à croiser régulièrement en tant que sideman ou
co-leader. De The Drops à The Watershed en passant par le quintet de Florian Pellissier ou le groupe Circles d’Anne Paceo où il officie en remplacement ou en
complément d’Emile Parisien, nombreuses ont été les occasions récentes
d’entendre ce musicien à la fois discret et solide. Dans les formations
sus-citées, il a plutôt tendance à livrer un jeu robuste, avec un son puissant,
une attaque franche et une présence autoritaire. Ce qui rend d’autant plus
surprenante sa posture dans « Les âmes perdues », où il joue en duo
avec sept pianistes différents, privilégiant cette fois la retenue, voire la
fragilité.
Les morceaux écrits pour ces occasions sont très beaux, avec
des thèmes qui se dessinent peu à peu ou s’évaporent, et qui se réfléchissent
entre le piano et le saxophone. L’intérêt principal du disque est on ne peut plus
simple : il est beau et procure des émotions à l’auditeur. Mais il a au
delà de ça une spécificité qui est une réelle force : il met en lumière
l’impact qu’un musicien peut avoir sur l’autre, ici en l’occurrence l’influence
de chaque pianiste sur le jeu de Panzani, que ce soit en terme d’énergie, de
phrasé ou de placement. Car si l’ensemble est tout à fait cohérent et construit
comme un seul projet et non un recueil, on constate pour chaque pièce une « formule »
différente, une manière de se placer, de projeter sa sonorité, d’interagir avec
l’autre qui semble étroitement liée à la personnalité des pianistes.
Chaque plage est de fait une redécouverte, et l’apparente
unité de ton (les compositions sont douces, lentes, poétiques) révèle plus
qu’elle ne la voile la richesse que constitue la présence des sept pianistes.
D’autant que chacun d’entre eux semble parvenir, par son toucher, sa manière d’embrasser
la mélodie, de l’accompagner simplement, de chercher l’interaction ou l’imbrication,
à souligner une facette du jeu du
saxophoniste – suggestion, chant stricto-sensu, sinuosité, effleurement ou
étreinte.
Par bonheur, le disque retranscrit parfaitement l’état
d’esprit dans lequel il a été envisagé. Des rencontres, simples, laissant une
place la plus importante possible à la fraîcheur, la spontanéité. La musique
partagée par Christophe Panzani et ses hôtes/invités s’impose à l’auditeur,
elle happe, et ses aspérités sont comme autant d’expressions lisibles sur le
visage d’une personne qui ne triche pas. Merci pour ça.
1 commentaire:
Merci pour cet article
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