29 juillet 2016

Christophe Panzani – Les âmes perdues




Christophe Panzani : saxophone ténor

Edouard Ferlet, Leonardo Montana, Laia Genc, Dan Tepfer, Guillaume Poncelet, Tony Paeleman, Yonathan Avishai : piano



Voilà un disque que l’on attendait pas, et qui arrive non pas comme un chien sur un jeu de quille, mais plutôt comme une brise fraîche et légère un jour de canicule. Christophe Panzani est un saxophoniste tout à fait passionnant que l’on a plaisir à croiser régulièrement en tant que sideman ou co-leader. De The Drops à The Watershed en passant par le quintet de Florian Pellissier ou le groupe Circles d’Anne Paceo où il officie en remplacement ou en complément d’Emile Parisien, nombreuses ont été les occasions récentes d’entendre ce musicien à la fois discret et solide. Dans les formations sus-citées, il a plutôt tendance à livrer un jeu robuste, avec un son puissant, une attaque franche et une présence autoritaire. Ce qui rend d’autant plus surprenante sa posture dans « Les âmes perdues », où il joue en duo avec sept pianistes différents, privilégiant cette fois la retenue, voire la fragilité.

Les morceaux écrits pour ces occasions sont très beaux, avec des thèmes qui se dessinent peu à peu ou s’évaporent, et qui se réfléchissent entre le piano et le saxophone. L’intérêt principal du disque est on ne peut plus simple : il est beau et procure des émotions à l’auditeur. Mais il a au delà de ça une spécificité qui est une réelle force : il met en lumière l’impact qu’un musicien peut avoir sur l’autre, ici en l’occurrence l’influence de chaque pianiste sur le jeu de Panzani, que ce soit en terme d’énergie, de phrasé ou de placement. Car si l’ensemble est tout à fait cohérent et construit comme un seul projet et non un recueil, on constate pour chaque pièce une « formule » différente, une manière de se placer, de projeter sa sonorité, d’interagir avec l’autre qui semble étroitement liée à la personnalité des pianistes.

Chaque plage est de fait une redécouverte, et l’apparente unité de ton (les compositions sont douces, lentes, poétiques) révèle plus qu’elle ne la voile la richesse que constitue la présence des sept pianistes. D’autant que chacun d’entre eux semble parvenir, par son toucher, sa manière d’embrasser la mélodie, de l’accompagner simplement, de chercher l’interaction ou l’imbrication,  à souligner une facette du jeu du saxophoniste – suggestion, chant stricto-sensu, sinuosité, effleurement ou étreinte.

Par bonheur, le disque retranscrit parfaitement l’état d’esprit dans lequel il a été envisagé. Des rencontres, simples, laissant une place la plus importante possible à la fraîcheur, la spontanéité. La musique partagée par Christophe Panzani et ses hôtes/invités s’impose à l’auditeur, elle happe, et ses aspérités sont comme autant d’expressions lisibles sur le visage d’une personne qui ne triche pas. Merci pour ça.

1 commentaire:

Groupe Jazz a dit…

Merci pour cet article