Théo Ceccaldi : violon, alto
Guillaume Aknine : guitares
Valentin Ceccaldi : violoncelle
Joëlle Léandre : contrebasse, voix
Guillaume Aknine : guitares
Valentin Ceccaldi : violoncelle
Joëlle Léandre : contrebasse, voix
Ils sont de plus en plus graves, au Tricollectif !
Prenez le trio de Théo Ceccaldi, qui se met à hurler à voix
basse, tout content d’être 4 !
On a à peine eu le temps de descendre de leur manège qui
nous avait donné le tournis il y a deux ans, qu’ils nous embarquent pour une
tournée des bars durant laquelle, entre autres évocations des petites choses de
la vie, il sera question d’oiseaux qui se jouent de l’orage, d’une collection
de brosses, d’un facétieux félin ou encore de pâtisserie.
Cette fois, Joëlle Léandre, la marraine du trio, est de la
partie et cela bouscule pas mal de choses. Elle nous enjoignait dans ses notes
de pochette de Carrousel, à aller écouter ces trublions géniaux. Elle n’aura
pas pu refuser leur invitation, sûr. Et marraine la fée tapote de son archet
magique la musique du trio, l’irrigue de ses fréquences basses hautes en
couleurs, de ses chants lyrico-théâtraux d’un autre monde, où il fait beau.
Devenu quadripode, l’étrange animal adopte une nouvelle
démarche, se meut avec plus de stabilité, dans un sens, mais multiplie
également les pas de côté. Il marche plus vite, et emprunte tout aussi vite des
directions incertaines, tout confiant qu’il est dans un équilibre difficile à
prendre en défaut. Il y a des fois, comme ça, où la fortune montre un riant
visage à qui sait la provoquer. Non contents, donc, d’être dépositaires d’une
esthétique pour le moins singulière, Théo et son trio s’amusent à tout remettre
en branle sans rien remettre en cause. Tout ce que l’on entend dans ce disque
complexe et formidable a le bon goût de la nouveauté. En terme de son, d’une
part, puisque, outre l’adjonction de la contrebasse et de la voix de Joëlle
Léandre, le groupe élargit son spectre expressif avec l’arrivée du violon alto
et de la guitare acoustique. Mais surtout, c’est toute la manière dont a été
pensée la répartition de l’espace qui se trouve modifiée, et qui permet aux
musiciens de donner une continuité à leur propos sans avoir à revenir sur leurs
pas. Il faut dire qu’il est plus
compliqué, à 4, de tresser le jeu, élément qui caractérisait en partie la
musique du premier disque. De fait, l’exposé musical, l’enchevêtrement de
thèmes, de solos et d’éléments d’ornement ou de parasitage se fait plus sous
forme de cellules, qui s’imbriquent, se superposent ou se succèdent. Le jeu
collectif est, et c’est peu dire, foisonnant, parfois jusqu’à l’ivresse.
Avec humour et gravité, sensibilité et brutalité, le
quartrio libère son jeu, s’autorise à mettre les deux pieds dans le plat, en
sautant à pieds joints comme des gamins dans les flaques. La musique nous
éclabousse, forte, poignante, amusante, rafraîchissante. Déstabilisante.
Je remarque une fois de plus un élément qui me trouble dans
ce disque, et qui m’avait déjà étonné sur le premier : On pourrait
profiter de ce que cette musique a à offrir, goûter avec gourmandise ses idées,
ses beautés, ses impertinences, puis passer notre chemin. Certains albums se
livrent à nous puis vont se reposer dans l’oubli. Celui-ci, comme Caroussel,
devient au contraire un de ces disques dont on ne souhaite pas s’éloigner.
Parcequ’il est, comme le criquet de la bouteille, fun et beau.
Hey Oooooooooooooooooh ? Ah non, ça, ce sera la
prochaine fois.

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