Serge Teyssot-Gay : guitare
Joëlle Léandre : contrebasse, voix
Joëlle Léandre et Serge Teyssot-Gay sont deux personnes
d’expériences. Deux chercheurs voyageurs qui, chacun avec leur parcours, ont
appris, car cela se souhaite puis se cultive, à tirer profit des différences, à
les chercher plutôt qu’à les fuir, pour mieux sortir de leur zone de confort et
donc avancer, toujours.
Si leurs références et leur vocabulaire sont différents,
leur première rencontre a montré à quel point leur expression musicale pouvait
être complémentaire et leur démarche similaire, dans ce contexte totalement
improvisé. Comme souvent avec la contrebassiste, on ne s’embarrasse pas de
titres évocateurs. Après avoir nommé leurs improvisations par leur durée sur
leur premier disque, ce sont désormais des couleurs, celles de l’arc-en-ciel,
donc du spectre de la lumière, qui désignent les morceaux. Cette thématique
neutre met en exergue une volonté de privilégier l’intention première, d’appréhender
l’échange de manière totalement ouverte, sans orientation préalable. De fait,
la musique, comme souvent avec Joëlle Léandre, est une musique de flux, qui
peut passer en quelques secondes du murmure à l’orage.
Aux matières rugueuses de l’archet et au chant toujours
aussi fantasque de la contrebassiste, Teyssot-Gay mêle ses brouillards
électrifiés, ses coups de tonnerre saturés, ses ciels aux nuances infinies. Le
disque, en fait un concert enregistré au Triton, est d’une grande beauté car
les deux musiciens évoluent sur leur terrain de jeu sans limites comme deux
danseurs dont les pas, les gestes, les déplacements ne subiraient aucune
contrainte. La musique s’emporte ou s’apaise, il y a des flamboiements, des
embrasements, des respirations. Les propositions, de part et d’autre, sont
sans-cesse renouvelées et l’on arrive très vite, sans heurts au
« Violet » final et ses échanges sereins où, au doigt, la dame
esquisse quelques walking bass lunaires. Avant cela, une déclinaison de nuances
où l’abstraction exacerbe la musicalité de chacun. Ce duo est une belle
aventure, on souhaite qu’elle puisse durer. Pour leur bonheur certainement, et
le nôtre.
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