Viktor Tóth
- saxophone
Miklós Lukács - cimbalom
György Orbán - double bass
Miklós Lukács - cimbalom
György Orbán - double bass
Viktor Tóth est un saxophoniste qui se tient en équilibre
entre deux écoles. D’un côté, la tradition du jazz, avec ses standards, ses
ballades, ses rondeurs, et de l’autre les emportements et l’angularité du
langage issu de cette tradition, ou du moins qui en constitue le prolongement.
Il est de ces musiciens dont on attend toujours des dérapages, tout en sachant
qu’ils ne feront pas de sorties de route. On garde en tête un disque très
réussi où il marchait tel un funambule sur cette étroite frontière, en quartet
aux côtés de Bart Maris.
Szemed Kincse / The
Present est un enregistrement d’un concert donné en compagnie de deux
musiciens avec lesquels il partage beaucoup, le contrebassiste György Orbán,
qu’il n’est pas rare de retrouver dans ses groupes, et Miklós Lukács, pilier du
label hongrois et musicien aussi productif que raffiné, spécialiste du cimbalom
avec lequel le saxophoniste se produit également en duo. Cette fois, c’est une
musique étonnamment apaisée qui nous est proposée. Le programme est presque
exclusivement constitué de ballades, genre auquel le saxophoniste s’adonne avec
goût en s’appuyant sur sa sonorité chaleureuse (bien qu’en d’autres lieux on
eût pu la qualifier de tranchante). Si l’on fait exception de « Brilliant
Steps », un titre à l’architecture plus complexe qui fait référence à deux
géants américains (Monk et Coltrane) et puise dans la capacité du trio à
développer un jeu dense et volubile, l’essentiel est interprété dans l’épure,
avec des lignes de contrebasse minimalistes qui portent efficacement les
discours aériens de Tóth et Lukács. Le phrasé bop décontracté du saxophoniste
est déposé sans heurts sur l’accompagnement singulier du cimbalom. Miklós
Lukács parvient à conjuguer, avec un sens de l’écoute patent, la richesse des
harmonies du jazz et les couleurs irisées inhérentes à son instrument, que les
habitués du label BMC connaissent bien mais dont l’utilisation reste
anecdotique dans le Jazz. On peut s’en étonner, cette musique vivante constituant
une preuve supplémentaire, s’il en était besoin, de la pertinence de son
utilisation pour cet idiome. Au cœur de ce disque se niche un morceau soyeux et
captivant qui le met particulièrement en valeur, « The Cat And The Moon ».
Pour vous faire une idée de la musique du trio, entièrement
composée par le saxophoniste, vous pouvez regarder cette vidéo. Pour le reste,
cela se passe sur le site de BMC, où ce disque, entre autres friandises, vous
attend patiemment.
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