19 février 2016

In Love With - Axel Erotic







Théo Ceccaldi : violon
Valentin Ceccaldi : violoncelle
Sylvain Darrifourcq : batterie et objets


Sylvain Darrifourcq et Valentin Ceccaldi se retrouve souvent associés ces temps-ci. Ce n’est pas ici que l’on s’en plaindra. Après la claque du MILESDAVISQUINTET !, In Love With montre combien ce binôme tourne à plein régime. Et ce n’est pas fini, car déjà tourne beaucoup par ici God At The Casino, dont il sera bientôt question, et nous avons en ligne de mire Garibaldi Plop, un groupe cette fois emmené par Roberto Negro dont la prestation durant les dernières soirées Tricot parisiennes s’est révélée plus qu’enthousiasmante. De belles perspectives, de fait, mais surtout une actualité brûlante avec la sortie chez Becoq de ce disque marqué par l’esthétique du batteur et l’identité sonore des Ceccaldi Bros. 

Théo et Valentin Ceccaldi cumulent les bonnes raisons de savoir si bien jouer ensemble. Ils sont frères, pratiquent des instruments de la même famille, participent conjointement à un nombre difficile à tenir à jour de projets, et s’immiscent le reste du temps dans un autre nombre conséquent de groupes où d’impromptus. Bref, même si leur entente télépathique va de soi, il faut avouer que cela surprend toujours. Ainsi donc, le trio cultive ses affinités, jusqu’à se trouver une passion commune pour le croquet. Cela jaillit de ce disque. Pas le croquet, mais l’osmose. Il y a bien sûr l’aptitude des trois musiciens à exécuter des parties écrites nécessitant une grande précision d’exécution sans « casser le flux », mais c’est tout particulièrement frappant durant les épisodes où le son est façonné à trois, avec une énergie transcendée.

Les deux premiers tiers du disque sont agencés comme une suite durant laquelle plusieurs procédés de mise en tension sont explorés. Cela démarre par une lente montée qui s’appuie sur des allers-retours d’archets du violon et du violoncelle, sur lesquels la batterie apparaît, enfle, déborde tandis que le son des cordes se fait fiévreux.  Après cette phase ascendante, le silence est affleuré, et l’éruption polyrythmique laisse place à un battement lent et régulier. Ensuite les sons des trois instruments fuient en tous sens dans un enchevêtrement de micro-phrases qui elles-mêmes précèdent une partie plus libre où le trio lâche la bride de son jeu pétillant, jubilatoire séquence de néo-post-post-bop, si l’on veut. Les trois discours convergent sur « Sexy champagne » où un seul et même motif est mis en forme collectivement. Cet enchaînement de séquences ressemblerait-elle à une traversée de différents états émotionnels ? L’exaltation, l’attente, les contraintes, la joie, la symbiose. L’amour, en somme. « Les flics de la police » et « Chauve et courtois », deux compositions emblématiques du batteur dont on avait pu entendre des versions sur Spezial Snack ou Chien-Guêpe du quartet d’Emile Parisien (et dont on reparlera lors de l’évocation de God At The Casino, ce qui fait de ces titres de nouveaux standards), sont ici interprétées avec passion. Les circonvolutions et couleurs du violon, les motifs hypnotiques du violoncelle et le jeu tempétueux du batteur y servent une scénarisation audacieuse et prenante. Jusqu’à la charge finale, on reste suspendu à cette proposition marquée par l’esprit du Tricollectif, chez qui le batteur a décidément trouvé un asile accueillant.

Aucun commentaire: