08 février 2016

Possible(s) Quartet - Orchestique





Rémi Gaudillat : trompette, bugle
Fred Roudet : trompette, bugle
Loïc Bachevillier : trombone
Laurent Vichard : clarinette, clarinette basse


J’avais gardé la tête en l’air. 

Les yeux rivés sur la lune, l’esprit reposé. Le voyage, que Le chant des possibles m’avait permis de faire, avait pris fin sur un python rocheux, je me souviens. 

Que le quartet de Rémi Gaudillat, devenu Possible(s) quartet, nous revienne avec de nouvelles histoires est une excellente nouvelle. C’est un peu comme retourner dans une région magnifique pour y découvrir d’autres itinéraires. On retrouve ici ce qui faisait déjà la magie du premier disque. Ces arrangements inspirés qui permettent aux musiciens de naviguer entre l’écriture et l’improvisation. Cette sonorité chaude aux mille reflets, tout à la fois tirée vers la brillance par les trompettes et les bugles, mais épaissie par ailleurs par les timbres chaleureux et les vibrations du trombone et de la clarinette basse. Ces mélodies soignées, qui font chanter le groupe. Ces enchevêtrements de lignes où tout reste clair. Cette poésie qui prend tout aussi bien vie dans la retenue, l’éclosion où l’explosion. Cette manière de faire circuler la musique, de multiplier ses possibilités d’essor. 

Sinueuses, les compositions regorgent de recoins qui mettent tour à tour en valeur les dynamiques du groupe, qui naissent de motifs imbriqués, où au contraire son expression aérienne. Ainsi, quand on écoute « Les poilus », on est traversé par des émotions hétérogène, comme ces hommes peut-être qui connurent l’espoir, l’attente ténébreuse, la résignation. La musique passe de l’entrain à l’angoisse en suivant un schéma narratif précis. Mais les morceaux du disque auront beau revêtir des formes mouvantes qui, stimulant notre imaginaire, favorisent la création d’histoires par l’auditeur, l’intention du quartet est de mettre en lumière les danses auxquelles leur expression musicale donne vie. Je cite brièvement la définition d’Orchestique notée à l’intérieur de la pochette du disque : « Dans la Grèce antique, désigne l’art de la danse, en particulier dans sa relation intime avec le théâtre, la poésie et la musique». Mélodie et rythme, combinés avec une logique de continuité, incitent le corps au mouvement. La grande réussite d’Orchestique est justement de favoriser cela tout en conservant la délicate scénarisation de chacune des pièces. La danse, à propos, était déjà très présente dans leur premier répertoire, justement parce que le propos n’a jamais été de déconstruire où de brouiller les pistes. Cette fois cependant, les riffs parlent au corps autant que la musique nourrit les voyages intérieurs. 

Une fois de plus, les souffles croisés de ces quatre conteurs dessinent des paysages impressionnistes inondés de lumières. A nous d’y évoluer, en dansant peut-être. En rêvant, c'est certain.

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