08 juin 2016

The Workshop – Conversations With The Drum .. Music By Doug Hammond








Stéphane Payen : saxophone alto
Olivier Laisney : trompette
Guillaume Ruelland : basse
Vincent Sauve : batterie



Ces deux disques ont été enregistrés en même temps, et sont sortis à quelques mois d’intervalle. Pourtant tous deux sont complémentaires, puisque Conversations With The Drum est constitué de compositions de Stéphane Payen tandis que le second, Music By Doug Hammond, voit le groupe reprendre des compositions du batteur mythique cité par Steve Coleman comme l’une des inspirations à l’origine du mouvement M-Base, auquel on associe en France les musiciens du quartet.
Pour l’un comme pour l’autre s’impose un saisissant contraste entre la complexité du jeu collectif et la clarté du son. Vincent Sauve privilégie les frappes sèches et les sonorités peu expansives ; la basse est précise mais peu enveloppante ; le saxophone et la trompette sont impeccablement placés sur les unissons, et leurs phrasés respectifs, souvent incisifs, ne comptent pas le brouillement parmi leurs caractéristiques. On le sait, Stéphane Payen et ses partenaires de jeu sont des rythmiciens pointus. On est loin, dans le fond comme dans la forme, du quartet qui va justement jouer la suspension, l’approximation volontaire ou la montée en force par l’amas. Ces quatre-là restent sur leurs fondamentaux,  sur leur dénominateur commun. C’est donc sur des rythmes impairs que les riffs se fixent, que les thèmes s’articulent et que les conversations se bâtissent. Le son est organique, chaleureux, et si les compositions et leur architecture mettent en lumière la précision dont les musiciens savent faire preuve, on ressent à l’écoute une musique décontractée, très ouverte à l’interaction, pleine de feeling.

Comme dans les autres formations qu’il dirige ou co-dirige (Thôt, Print), Payen trouve au sein des canevas rythmiques des issues pour ses développements mélodiques nerveux. Son saxophone alto, pourvu d’un timbre et d’un grain magnifiques, se coule dans ces espaces enserrés, et trouve dans cette luxuriance d’angles rythmiques la possibilité d’évoluer selon des trajectoires courbes. Olivier Laisney semble pour sa part survoler la rythmique, jouant de la brillance de sa trompette pour imposer ses directions. 

On ressent sur ces deux volumes la force de frappe du groupe, même si l’explosion est plus contenue que recherchée. De nombreux passages, basés sur les mêmes conceptions d’écriture que les pièces denses, montrent également la faculté du quartet à proposer de subtiles nuances sur des épisodes plus ascétiques. 

Ces deux disques, qui ne semblent pas être destinés à être isolés l’un de l’autre, sont disponibles sur le site du label Onze heure onze. Ils sont tous deux, vous l’aurez compris, tout à fait recommandés.

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