Isabelle Olivier : Harpe
Et, selon les titres,
Alexandra Grimal, Catherine Delaunay, David Binney, Sébastien Texier : Divers saxophones et clarinettes
Johan Renard, Didier Lockwood : Violon
Olivier Sens : Electronics
David Venitucci, Thomas Beuf: Accordéon
Tam De Villiers : Guitare
Marc Buronfosse, Eivind Opsvik, Michel Bénita: Contrebasse
Fabrice Moreau, Louis Moutin, Joe Quitzke, Tommy Crane, Peter Erskine: Batterie
+ Choeur "Les Contamines" dirigé par Annie Couture
Et, selon les titres,
Alexandra Grimal, Catherine Delaunay, David Binney, Sébastien Texier : Divers saxophones et clarinettes
Johan Renard, Didier Lockwood : Violon
Olivier Sens : Electronics
David Venitucci, Thomas Beuf: Accordéon
Tam De Villiers : Guitare
Marc Buronfosse, Eivind Opsvik, Michel Bénita: Contrebasse
Fabrice Moreau, Louis Moutin, Joe Quitzke, Tommy Crane, Peter Erskine: Batterie
Norma Winstone, Brigitte Jacquot, Monica Passos, Beñat Achiary, David Linx, Jacques Dor : Voix
12. Comme le nombre de mois
dans l’année, comme le nombre d’heures sur le cadran. Symbole du temps qui
s’écoule. 12 comme le nombre d’arrêtes qui forment les six facettes d’un cube. 12
comme le nombre de pieds d’un alexandrin. Douze chansons, donc, pour célébrer
le temps (le temps passé, le bon vieux temps, le bon temps, maintenant, demain)
et pour embrasser 20 ans de rencontres et ce qu’elles amènent d’émotions, de poésie
et de musiques. Celle d’Isabelle
Olivier est toujours en mouvement, portée par les vents.
Dodecasongs s’étend sur deux
disques. Le premier, Tunes, est instrumental (si l’on fait exception d’un court
texte lu par Jacques Dor sur « ET ») tandis que sur le second, Songs, sont proposées des versions chantées des mêmes morceaux. Sur toutes ces
chansons, avec ou sans paroles, défilent de nombreux musiciens parmi lesquels
on retrouve certains compagnons de route ayant effectué auprès de la harpiste
de nombreuses traversées. Si tous viennent d’horizons différents, ayant parfois
été jusqu’à traverser l’océan pour venir s’enivrer des embruns musicaux de leur
hôte, il est frappant d’entendre à quel point leurs apports se fondent dans
l’univers musical d’Isabelle
Olivier.
Ce grand défilé d’artistes
n’est pas pour autant un faire-valoir, mais plutôt une source d’hétérogénéité
qui oblige la harpiste à repenser, à chaque fois, son positionnement, son champ
d’action et sa manière d’interagir. Dans ce contexte mouvant, Isabelle Olivier se
réinvente perpétuellement, offrant aux musiciens autant de pistes que
d’espaces. Dans l’intimité du duo, sa harpe enrobe ses partenaires d’un voile
protecteur, ce qui donne à Norma Winstone, David Venitucci ou David
Binney la possibilité de laisser libre cours à leur sensibilité. Ses échanges
avec Olivier Sens, magicien de l'électronique, tiennent plus de la fusion de deux
univers sonores, qui se complètent et se valorisent mutuellement. Le trio (avec
section rythmique) place la harpe dans une position plus soliste, bien que la
circulation de la musique laisse à Marc Buronfosse, que l’on retrouve avec
plaisir sur de nombreux titres (associé aux excellents Fabrice Moreau ou Joe
Quitzke), l’opportunité de placer, dans le morceau « Dodecasongs »,
un solo magnifique. Côté rythmique, deux autres binômes opèrent, chacune à deux
reprises. Michel Benita et Peter Erskine sur Songs ; Eivind Opsvik et
Tommy Crane sur Tunes. Cette rythmique New-Yorkaise insuffle une énergie
différente, et tout aussi réjouissante, notamment lorsqu’Alexandra Grimal les
rejoint le temps d’un morceau (« ET ») au cours duquel Isabelle Olivier
développe un jeu bruitiste très contemporain avant de revenir à un
accompagnement plus concret tandis que la saxophoniste s’envole dans un solo
puissant et charnel. Soit une approche très libre de la musique en face de
laquelle on peut mettre d’autres beaux moments basés sur l’écriture, notamment
dans la façon dont cohabitent sur « El Kobba » le violon de Johan
Renard, la guitare de Tam De Villiers, les sonorités étranges d’Olivier sens et
les alliances de timbres veloutés de Catherine Delaunay et Sébastien Texier.
Et puis il y a les voix,
toutes singulières, qui s’inscrivent dans l’esthétique choisie par Isabelle Olivier et
prolongent sa logique aventureuse, apportant d’ici et là des influences qui
participent au grand métissage. Il y a du rêve dans ces chansons, de la poésie,
des sentiments. De la force, aussi.
Le disque démarre par un
morceau épuré interprété en solo, et se termine par un « O
Hummingbird » opulent, à l’image de cet album dont la conception a été en
partie confiée, notamment pour le choix des titres et leur disposition, à Bojan
Z. Entre son introduction intimiste et son bouquet final, le disque ne se
dépare jamais ni de son élégance, ni de sa générosité. Au cœur de l’objet, un
copieux livret (Pictures + Words) contient de superbes images que l’on doit à
12 photographes auxquels Isabelle
Olivier à proposé une sorte de carte blanche, avec pour seule
indication de proposer une photo prise durant un des concerts, puis une autre
plus représentative de leurs travaux personnels et prise à la même période.
Cela contribue à faire de disque un objet à part, riche, original et captivant.
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