Thierry Peala : chant et récitation
Jean-Marc Larché : saxophone soprano
Pierre-François Roussillon : clarinette basse
Régis Huby : violon
Edouard Ferlet : piano
Yves Rousseau : contrebasse et composition
Xavier Dessandre-Navarre : percussions
Jean-Marc Larché : saxophone soprano
Pierre-François Roussillon : clarinette basse
Régis Huby : violon
Edouard Ferlet : piano
Yves Rousseau : contrebasse et composition
Xavier Dessandre-Navarre : percussions
Yves Rousseau a une patte. Un son, une couleur, peu importe.
Mais en tous cas on reconnaît aisément son écriture, notamment avec ses courtes
phrases qui se répondent et se juxtaposent, ses compositions à tiroirs dont des
thèmes sortent comme le lapin à la fin du moulinet. On le reconnaît aussi à sa
manière de sertir lesdits thèmes à des orchestrations où se jouent les
ambiances, les tensions. Toutes choses que j’avais eu le plaisir de relever en
évoquant Akasha, son précédent disque, et que l’on retrouve ici, transposées
dans un contexte différent et portées par un autre groupe.
Le contrebassiste fait d’ailleurs le grand écart, entre
l’évocation mystique des éléments (Akasha), et cet hommage à l’une de ses
références en musique, Franz Schubert, que l’utilisation, dans les textes, de faits et traces historiques ancre dans la
réalité.
Le parti-pris d’Yves Rousseau a été de laisser
transparaître les liens qui unissent sa propre expression musicale à celle du
compositeur autrichien. De fait, elles cohabitent, elles se complètent, se
confondent. Elles respirent de concert. L’une et l’autre sont intactes, mais
elles s’assemblent comme deux pièces dont les bords sont faits pour être
joints. S’il a été nourrit des œuvres de Schubert, on comprend sans peine
qu’Yves Rousseau y intègre ses propres phrases. Mais là où réside la vraie
réussite de ce disque (au-delà de sa plastique superbe), c’est justement
d’avoir su pénétrer la musique de Schubert sans la contraindre, pour y trouver
des champs libres à consacrer à l’improvisation et à un langage plus
contemporain. Cela tombe bien, les musiciens ont plein de belles choses à dire.
Pour cette aventure, Yves Rousseau s’est entouré de
musiciens ayant de fortes accointances avec la musique classique, et qui sont
tous en outre de fantastiques improvisateurs. Le jeu de va et vient entre l’écrit,
le lyrique, l’impromptu et l’écorché devient dès lors un exercice naturel qui
donne beaucoup de cohérence à ce mariage pourtant risqué. Les instruments se
joignent en petites cellules chambristes ou s’échappent en circonvolutions aventureuses.
A l’intérieur de ce dispositif orchestral, Thierry Peala peut, selon les
épisodes, se positionner en récitant, chanter, ou enrichir la palette de
timbres du groupe en s’y fondant. Les textes qu’il sert permettent d’effleurer
la vie du Viennois, et d’en comprendre à la fois la démesure et le paradoxe.
Passionné, travailleur acharné, génie plein d’assurance, il est aussi de ceux
que la notoriété n’aura pas enrichit. Son bien le plus précieux est celui qu’il
a légué au Monde. Le septet en dispose.
Au dos du disque, les titres des suites, sobrement intitulés
« Wanderer » et suivies de leur numéro et de la décomposition de
leurs parties, sont accompagnées des morceaux de référence dont le
contrebassiste s’est inspiré ou sur lesquels il s’est appuyé. Soit, pour qui
veut, un jeu de piste au bout duquel on mesure la liberté conquise autant que
la révérence revendiquée. Ce disque, paru sur le label Abalone, n’est pas un concept, mais une déclaration.
Comment expliquer, sinon, la beauté de son contenu ?
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