Pierre Horckmans : clarinette, clarinette basse, effets
Anne Quillier : Fender Rhodes, Moog
Guillaume Bertrand : batterie, sampleur, effets
Anne Quillier : Fender Rhodes, Moog
Guillaume Bertrand : batterie, sampleur, effets
Nous avons eu le plaisir d’évoquer ici il y a peu
l’excellent sextet d’Anne Quillier. Daybreak démarrait par un hommage à Manu
Larcenet. Le groupe Blast, trio composé de trois membres dudit sextet, tire son
nom de la bande dessinée et montre l’attachement des musiciens à l’auteur. Les
titres des morceaux sont des références à l’œuvre du dessinateur, où à l’environnement
artistique dont il est issu, notamment la revue Fluide Glacial. La musique,
quant à elle, explore l’univers sombre et inquiétant de la série, basée sur le
récit dérangeant d’un homme perdu ayant commis un crime et s’en expliquant
durant sa garde à vue, avec une glaçante lenteur.
Première surprise, donc, suite à l’écoute du sextet :
il y a ici plus d’ombres que de lumières, et le « presque tout
acoustique » laisse place chez le trio à une expression collective qui
fait largement usage de l’électricité (Anne Quillier utilise exclusivement des
claviers branchés) et des effets. Le son est beaucoup plus rock, choix
esthétique qui favorise la mise en son d’atmosphères obscures, anthracites, que
relayent les compositions nuageuses. Cependant, comme une sorte d’optimisme
voilé émane de la bande dessinée, une énergie positive finit par émerger de ces
morceaux, où la limpidité des clarinettes apposées sur les sons gras et
métalliques du Rhodes rappellent souvent le contraste entre la clarté des
propos de Polza Mancini, le personnage principal de la bande dessinée, et la
noirceur ou l’étrangeté de son histoire.
Les rythmes binaires et fiévreux de Guillaume Bertrand sont
çà et là appuyés par des lignes de basse jouées au Moog. La musique, loin
d’être dépourvue d’éléments mélodiques, tend tout de même à orienter ses
développements vers l’intensité, voire la saturation, comme le montre la longue
montée en puissance sur « Polza » ou la tension qui règne sur
« Human Being ».
L’expression collective reste régie par le rythme, mais au
sein de ces développements relativement
linéaires (le propos n’est pas de déconstruire ou de favoriser la suggestion,
mais bien de tendre la musique jusqu’à lui donner une dimension dramatique
palpable), la liberté reste d’actualité. Les trois musiciens proposent
beaucoup, intéragissent. Les motifs sont travaillés à chaud et le Rhodes comme
la clarinette peuvent tout aussi bien s’exprimer en soliste qu’en élément
structurel. Les solos ne sont d’ailleurs pas envisagés comme une fin en soi, et
contribuent plutôt à apporter de la diversité, dans le vocabulaire comme dans
la lumière qu’ils portent sur les thèmes et ambiances.
Ce disque, original et prenant, est disponible (à défaut de
l’être dans toutes les bonnes crèmeries comme on disait avant), via le site du
collectif Pince-oreilles. Bientôt, l’effectif se resserrera davantage encore,
car la sortie de Watchdog est imminente, et il s’agit d’un duo constitué d’Anne
Quillier et de Pierre Horckmans. Il faudra s’y pencher, car ces musiciens ont
décidément de belles choses à dire.
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