Sébastien Texier : saxophone alto, clarinettes
Sébastien Lovato : piano, piano électrique
Marc Buronfosse : contrebasse
Karl Jannuska : batterie
Pour la seconde fois, Sébastien Lovato est allé puiser dans
ses lectures pour nourrir sa musique. De nouveaux extraits de romans lui ont
inspiré des compositions qui, dans la continuité de la musique du premier volume,
sont construites à partir d’une mélodie sur laquelle est apposée une ambiance,
un ton. La mélodie est importante, elle fait souvent l’objet de plusieurs
passages, avec de subtiles variations ; elle guide les solistes. Et puis
il y a l’ambiance, la couleur, qui tend à mettre l’auditeur dans le même contexte
que le lecteur.
Ainsi le disque s’ouvre-t-il par une mise en musique
alanguie de « Montedidio », quartier de Naples qu’Erri De Luca a
choisi comme théâtre du passage à l’âge adulte d’un gamin de 13 ans dans les
années 50. On peut y entendre la chaleur pesante tout juste rendue supportable
par les ombres mouvantes, ainsi qu’une nostalgie tendre que traduit la sonorité
moelleuse de la clarinette. Autre illustration de ce procédé de mise en sons,
le quartet interprète l’inaccessibilité des autorités du village pour K. l’arpenteur
sur « Le château ». La ligne de basse hypnotique et les nappes de
piano électrique presque gothiques traduisent l’étrangeté du roman inachevé de
Kafka et la situation inquiétante de son personnage. Toujours dans cette
logique, le quartet saisit sur « Hadrian’s Dream » la prose précise
et vaporeuse de Marguerite Yourcenar évoquant le pays des songes. Le titre
démarre par un dialogue épuré entre le piano et la clarinette. Ses développements
sont portés par la rythmique discrète et
sensible de Marc Buronfosse et Karl Jannuska.
Le groupe accueille pour ce nouveau chapitre Sébastien
Texier, qui évolue au cœur de la musique du pianiste avec beaucoup d’aisance et
lui apporte une énergie toute différente de celle qu’amenait sur le premier
volume Alexandra Grimal, conférant à des morceaux comme « Ritournelles »
ou le pétillant « Ragondins » et son swing galopant un lyrisme
ardent. La rencontre entre le pianiste et le saxophoniste a du sens. La manière
dont ils se trouvent sur les épisodes intimistes en atteste. C’est le cas sur « Focus
On Tanity », où les échanges poétiques entre le piano et le saxophone
constituent une sorte de libération après une mise en tension orchestrée par
Karl Jannuska.
Deux reprises sont venues se greffer au répertoire. « Another
Brick In The Wall » est interprété au plus près de l’original, Sébastien
Texier réussissant à faire chanter son saxophone avec goût, ce qui n’est pas
simple sur une reprise d’un tel classique, où l’on accepte parfois avec
difficultés les distances prises. Le disque se clôt par une interprétation en
trio, pour le coup plus diluée, du « Little Wing » de Jimi Hendrix. Cela nous extrait en douceur de cette seconde
visite du salon de lecture de Monsieur Lovato. Quelques disques y trainent, à
propos. Peu importe, il s’agit toujours de raconter de belles histoires.
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