On piano,
M. Xavier Camarasa.
On cello,
M. Valentin Ceccaldi.
On drums,
M. Sylvain Darrifourq.
Ladies and
Gentlemen, please give a warm welcome to…. MILESDAVISQUINTET!
Où le quintet à trois joue à ne pas être celui qu’il dit.
Où les trois, justement, jouent finalement à n’être qu’un.
Un, unique, un, tout. Preuve avec le premier des deux titres du disque, où, au
départ, les trois instruments ont la même fonction, celle de créer et disposer
des cellules rythmiques, des motifs simples dont l’imbrication est complexe. On
a le sentiment, à mesure que s’intercalent et s’emboîtent ces sons, d’être au
cœur d’un engrenage aux multiples rouages dont les vitesses de rotations et
cliquetis associés sont aussi interdépendants qu’imprévisibles. Il y a une
implacable logique dans leur montage, marqué du sceau de quelque horloger
mélomane. Les motifs évoluent et les sonorités se multiplient, se font échos,
se perturbent. C’est précisément d’ailleurs la diagonale opposée du Miles Davis
Quintet, dont l’utilisation du nom est vous l’aurez compris à prendre au 7ème
degré. Mais au fait quel quintet ? On s’en fout ça n’a rien à voir, mais
je songe au second, et à son principe de « controlled freedom », dont
l’objectif était de laisser le jeu collectif dériver vers l’abstraction tout en
conservant la ligne directrice inhérente à la composition. Ici c’est donc
l’inverse. On part, quoi de plus abstrait, de bruits secs et atonaux, et on se
débrouille pour que leur agencement devienne une composition, instantanée mais
scénarisée. Sur ce titre, « TAP », les premières notes, tirées en
chapelet du piano, n’apparaissent qu’après dix minutes de mise en place
rythmique. Alors commence une longue mise en tension ou les accords et les notes
fusantes du piano, les roulements de toms et la matière saturée du violoncelle
se débarrassent de toute contingence mathématique. La précision mécanique
laisse place à l’énervement, la logique s’efface devant l’infondé. Jubilatoire
éructation.
Puis vient « RUB », le second morceau, et son
effet de contraste. Cette fois, ce ne sont plus des frappes sèches, mais des
sons étendus, frottements et grincements, qui se répandent et emplissent
l’espace, de manière plus aléatoire et plus projetée. Sous la surface des
bruits, des chants de cétacés. Les cellules ne sont plus pulsatiles, mais
mélodiques. Des e-bows sont posés sur les cordes de la cithare, et au fond des
nappes bat le cœur d’un tambour. L’emportement est là, encore, paradoxalement
porté par les sons étals, les micro-évènements. Il se drape de plénitude, se
serti de délicatesse.
Ce très beau disque (dehors et dedans) est paru sur le label
Becoq qui poursuit sa collaboration fructueuse avec le Tricollectif. Il est à conseiller sans restriction. Parce qu’il est délicieusement
déroutant, farouchement unique, étonnamment addictif, terriblement jouissif.
J’ai eu le plaisir de voir le trio durant les Soirées Tricot. En live, la magie
opère avec force, c’est un moment unique que je vous recommande de vivre, à
l’occasion.
Plus tard je dirai à mes enfants : « J’ai vu le
MILESDAVISQUINTET ! ». Je vois déjà leurs yeux qui brillent.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire