Antoine Läng : voix et effets
Olivier Thémines : clarinettes
Jean Aussanaire : saxophone
Rémi Gaudillat : trompette et bugle
Fred Roudet : trompette et bugle
Alain Blesing : guitare
Perrine Mansuy : piano
Bernard Santacruz : contrebasse
Bruno Tocanne : batterie
Olivier Thémines : clarinettes
Jean Aussanaire : saxophone
Rémi Gaudillat : trompette et bugle
Fred Roudet : trompette et bugle
Alain Blesing : guitare
Perrine Mansuy : piano
Bernard Santacruz : contrebasse
Bruno Tocanne : batterie
L’ImuZZic grand(s) Ensemble est un nonet. Ce n’est pas si
grand que ça, un nonet.
Du moins, en comparaison de l’équipe particulièrement
étendue réunie par Carla Bley pour enregistrer, entre 1968 et 1971, ce chef
d’œuvre historique qu’est Escalator Over The Hill, cela ressemblerait presque à
un orchestre de poche. C’est donc en petit comité, dirons-nous, que sont
reprises les compositions de l’œuvre originale. Enfin, pas toutes. Et il n’y a
qu’un chanteur.
Comme si, face à la grandiloquence de l’original, Bruno
Tocanne et Bernard Santacruz avaient voulu proposer une réappropriation humble,
à taille humaine. Le groupe fonctionne souvent comme une petite formation
augmentée de textures cuivrées, ce qui renforce le sentiment de
« réduction ». Une approche qui semble d’ailleurs être la seule
viable, toute tentative de rivaliser avec la luxuriance initiale se serait
probablement soldé par une faute de goût. C’est donc sur un autre registre que
sont envisagées les partitions, avec visiblement trois préoccupations
centrales : l’appropriation du matériau originel, l’exploitation optimale
des ressources du groupe en matière d’alliage de timbres, et l’aménagement des
structures pour ouvrir des espaces aux musiciens et donc leur permettre de
colorer les interprétations, en marge d’un travail d’arrangement qui ramène
déjà l’œuvre aux musiciens qui l’interprètent.
Ce projet, initié par Bruno Tocanne et Bernard Santacruz et
arrangé par Rémi Gaudillat et Alain Blessing, montre en outre à quel point le
rassemblement de ces musiciens passionnants sous la bannière du réseau ImuZZIc
donne lieu à un élan collectif. Tout ici le montre avec flamboyance : la
cohésion du son d’ensemble, la manière de développer les morceaux, le placement
des solistes et l’incidence de leurs parties improvisées sur la couleur de la
musique, ou encore la somme de subtiles interactions qui préservent le
mouvement du socle rythmique comme des instruments à vent ou de la voix et des
effets d’Antoine Lang. Tout concours à ce que les écoutes multipliées se
suivent sans se ressembler. Le disque est en soi passionnant, passionné.
Fougueux, fiévreux. Mais à l’instar de l’œuvre dont l’ImuZZic Grand(s) Ensemble
livre une lecture qui fait sens, il constitue également une source importante d’exploration
auditive. On y revient, le redécouvre. On se fixe sur une ligne de fuite
ignorée jusqu’alors. Le mélomane jusque-boutiste pourra en outre faire des va
et viens entre cette interprétation et l’originale, pour découvrir combien la
fantaisie n’aura pas été écartée au profit de quelque révérence déplacée. Il
suffit pour s’en convaincre d’écouter « Oh Say Can You Do ? »,
initialement une miniature jouée ici de manière étendue selon un schéma
narratif totalement nouveau. Si ce titre est méconnaissable, on retrouve,
familières et redessinées, les mélodies et chansons fortes que sont, entre
autres, l’ "Ouverture", le thème « EOTH » ou encore « Holiday In Risk ».
Ce programme est un ravissement. Et l’énergie (à laquelle l’extravagant
chanteur Antoine Läng que je découvre ici n’est pas étranger) n’est pas la
moindre qualité de cet enregistrement, qui met en valeur le travail minutieux
du groupe comme sa capacité à affirmer une esthétique singulière. Comme s’il
avait été décidé de mettre un peu d’ordre dans le grand bazar génial de Carla
Bley et Paul Haines, pour ne conserver qu’une subjective sélection de pièces
auxquelles profite la place ainsi libérée.
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