Philippe Lemoine : saxophone tenor
Olivier Lété : basse
Eric Groleau : batterie
Olivier Lété : basse
Eric Groleau : batterie
Les chansons qui composent le répertoire de Melodramatic
French Songs sont de celles qui nous parlent nécessairement. Elles font partie
des sons de la vie, qui nous accompagnent qu’on le veuille ou non et qui
sollicitent de fait notre inconscient pour en faire émerger des sensations ou
souvenirs. Comme pour tout classique, en livrer une lecture distanciée oblige
les musiciens à faire des choix esthétiques, auxquels les auditeurs sont de
fait confrontés. Ceux du trio sont tout à fait judicieux, et le son qu’ils ont
su trouver garantit l’homogénéité de l’ensemble.
Les thèmes sont joués au plus près des versions originales.
La volonté n’a pas été de déconstruire, de suggérer où de distorde les
mélodies, mais au contraire de les interpréter simplement pour solliciter notre
ressenti personnel, faire surgir ce qu’elles nous amènent à éprouver . C’est le
saxophone de Philippe Lemoine qui les chante, les murmure, avec une sensibilité
qui se meut souvent en feulement écorché durant les développements improvisés. Olivier
Lété se plaît à laisser tourner des riffs de basse hypnotiques, avec de
fréquents recours à des notes aiguës qui places ses lignes dans un entre-deux
unique, à mi-chemin de la basse et de la guitare. Il utilise en outre des
effets qui confèrent à certains morceaux, comme la sombre rêverie qu’est
devenue « Mistral gagnant », des allures de rock psychédélique décalé.
La batterie d’Eric Groleau, elle aussi étendue par des effets, participe à la
mise en place, en parfaite complémentarité de la basse, de rythmes et climats
aussi dynamiques qu’oniriques. Le trio pétri sans violence la matière première
qu’il s’est choisi. L’esprit n’est pas au remplissage par quelque excès de
langage ou intellectualisation abusive. Chaque pièce constitue une relecture
simple, à partir de laquelle le trio projette un jeu collectif qui fait naître
une émotion.
Comme le mot mélodrame associe justement la musique à une
forme de tragédie, l’album dans sa globalité donne à entendre non pas une série
d’histoires, les chansons étant amputées de leurs paroles, mais plus la description
d’un sentiment trouble où la nostalgie côtoie la passion. C’est d’ailleurs
souvent ce qui ressort dans ces textes, par le verbe que subliment les
interprétations de Piaf, Brel, Brassens, Barbara, Gainsbourg ou Renaud, pour n’en
citer que quelques-uns. Alors, en le jouant sans le dénaturer tout en l’amenant
sur leur propre champ émotionnel, les trois musiciens finissent par donner une
vision singulière de cet héritage. Et l’on se prend à fredonner les paroles,
tout en s’étonnant de redécouvrir ces airs et de constater que la modernité du
propos, contre toute attente, en souligne l’éclat.
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