12 mai 2017

Florian Chaigne – Blooming



Florian Chaigne : batterie et percussions

Avec, ici ou là :
Taran Singh : Spoken Word
Elie Dalibert : saxophone alto
Gweltaz Hervé : saxophones soprano et baryton
Alexis Persignan : trombone
Emilie Chevillard : harpe chromatique
Mathieu Lagraula : guitare
Sylvain Didou : contrebasse



Casque sur la tête (c’est encore mieux au casque), on part pour un drôle de voyage, une expérience où la batterie, au cœur de laquelle on a l’impression d’être placé tant la spatialisation des sons a été travaillée, serait une sorte de véhicule onirique. Aux commandes, Florian Chaigne, batteur et percussionniste dont le nom ne vous évoque peut-être rien, encore. En deux mots, c’est un musicien qui a oublié de se restreindre à une case. Un aventurier passé par le classique, le métal, et qui a l’outrecuidance de jouer dans plein de groupes sans rapports de style apparents.

« Mais où le classer alors ? » demande le classeur.
« Pour quoi faire ?», répond le sage.

Ce musicien tous-terrains, donc, a enregistré ce disque, Blooming, où la batterie et les percussions sont centrales et où apparaissent puis s’évaporent des interventions d’invités qui apportent une couleur, une épice, un groove. Outre qu’il constitue une fresque mouvante  dont on se réjouit de ne pouvoir déterminer le style, l’album est avant tout une histoire de rencontres. De musiciens qui se croisent, font un bout de chemin, s’entretiennent, puis passent. Une démarche aléatoire qui révèle, autour de l’hôte, la richesse de l’échange. Ainsi la poésie de Taran Singh se montre-t-elle tout juste vêtue d’un rythm jazz, assombrie par une batterie et une guitare (celle du complice Mathieu Lagraula) en fusion, ou relevée par le chant du trombone d’Alexis Persignan sur « Gold fish ». La batterie survole la marée opaque des sonorités mêlées du trombone et du saxophone alto d’Elie Dalibert (vous savez, le saxophoniste de Sidony box). Elle l’exhorte à deux reprises dans ses échanges tour à tour vifs et appesantis avec Gweltaz Hervé, elle explore les profondeurs avec les graves puissants, à l’archet comme aux doigts, de la contrebasse de Sylvain Didou, elle se love dans l’entrelacs des rythmiques de la contrebasse et de la harpe d’Emilie Chevillard… Elles sont, ces batteries et percussions, à l’initiative de ruptures, de contrastes, de sauts au dessus des océans. La palette de sonorités comme la diversité des modes de jeu entretiennent sans peine l'intérêt de l'auditeur, qui peut à loisir laisser son écoute dériver comme l'observateur son regard devant un paysage chargé de détails.


Ce périple sonore, d’un continent à un autre, d’un style à un autre, d’une dimension à une autre, est narré avec intelligence. Il ne ressemble en rien à un catalogue de savoir-faire, mais est, au contraire, sensible et empreint d’humilité. Si ce n’est déjà fait, Florian Chaigne est un musicien-conteur à découvrir, et Blooming un beau moyen de faire sa connaissance.

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